« La petite Toscane va devenir une centrale électrique » : dans le Gers, deux villages se lèvent contre un projet de centrale agrivoltaïque

19 septembre 2025 - 11:48

La colère monte dans le nord du Gers. Ce vendredi soir, des habitants d'Urdens et Fleurance tiendront l’assemblée générale d’une association toute neuve, née de la découverte d’un projet de centrale agrivoltaïque sur des terres agricoles voisines. Entre colère, inquiétude et sentiment d’injustice, une partie du territoire se mobilise face à ce qu’elle considère comme une menace pour son paysage et son avenir.

Ils s’apprêtent à transformer leur foyer rural en salle de résistance. En ligne de mire : un projet de centrale agrivoltaïque de 27 hectares découvert presque par hasard dans la presse en février dernier, qui réveille les peurs d’un territoire attaché à ses paysages. Objectif : dire « Non au projet Samsolar » dans ce coin de Gaure. Cette société drômoise projette d’y installer des panneaux photovoltaïques mobiles de près de six mètres de haut. De quoi, selon ses promoteurs, concilier production d’énergie et maintien d’activités agricoles. Mais pour les riverains, le projet a surtout l’allure d’une « centrale électrique déguisée ».

« On nous impose une décision »

« On a découvert ça dans la presse, en février », raconte Christophe Lamazère, habitant d’Urdens et désormais porte-parole de l’association Nos Campagnes Fleurantines en Danger. « Les porteurs de projet n’avaient convié personne à leur réunion. On nous impose une décision qui va marquer notre paysage et nos vies pour trente ans. »

Pas d’opposants, pas de débat. Dans sa voix, la colère se mêle à la lassitude. « On parle d’un champ fertile, parmi les plus riches du Gers, transformé en friche industrielle. Des traqueurs de 5 m 68 de haut qui tournent en grinçant comme une machine à laver en essorage. Des tranchées de quatre kilomètres, des grillages, des transformateurs. Et au bout du compte, aucune retombée économique locale. » Autour de lui, le sentiment est partagé : « celui d’un territoire sacrifié pour neuf millions d’euros investis par une entreprise privée. Le bénéfice irait à une seule exploitante agricole, quand 250 riverains craignent la dévalorisation de leurs maisons et la défiguration de leur cadre de vie. »

Les élus se mêlent à la fronde

Le combat a déjà gagné l’oreille des élus. Le député David Taupiac, le maire de Fleurance Ronny Guardia-Mazzoleni, le maire d’Urdens Roland Maragnon et plusieurs conseillers municipaux d’opposition ont annoncé leur présence à l’assemblée générale de ce vendredi soir. Une manière d’appuyer un mouvement local qui se veut exemplaire. « Nous ne sommes pas contre la transition énergétique », insiste Christophe Lamazère. « Mais il faut des projets intelligents. Regardez : à quelques kilomètres, une centrale photovoltaïque a été construite sur une ancienne carrière. Voilà une solution adaptée. Pourquoi détruire des terres agricoles quand tant de friches existent déjà ? »

Reste que la décision finale appartient au préfet. Son bureau détient désormais le permis de construire. Et c’est vers lui que se tournent les regards des habitants d’Urdens et de Fleurance, décidés à peser dans le débat. « On veut lui montrer que nous sommes unis, que les conseils municipaux se sont prononcés contre, que ce projet est absurde », conclut-il. « Si personne ne parle, demain la petite Toscane gersoise deviendra une grande centrale électrique. »

Précision : la réunion, se tiendra ce soir au foyer rural d'Urdens, entre 19 et 21 heures.

N.M

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