Gers : une vache et son veau retrouvés morts et dépecés dans un champ, le président de la chambre d'agriculture déplore une nouvelle attaque de vautours

04 août 2025 - 16:00

Une scène maccabre. Ce week-end, à Mont-d’Astarac, dans le sud du Gers à la frontière avec les Hautes-Pyrénées, un éleveur gersois a retrouvé une de ses vaches, en train de vêler, et son veau nouveau-né, tués et dépecés. Une attaque attribuée aux vautours. Il s’agit de la troisième attaque de ce type signalée dans le département depuis le début de l’année. Pour Lionel Candelon, président de la chambre d’agriculture du Gers, c’est l’attaque de trop. L’éleveur appelle la Préfecture du Gers à prendre des mesures d’urgence pour protéger les exploitations agricoles contre ces prédations de vautours.

Que pouvez-vous nous dire sur cette nouvelle attaque de vautours sur le Gers ?

Lionel Candelon, président de la chambre d'agriculture du Gers. « Samedi après-midi, une vache était en train de vêler sur une exploitation à Mont-d’Astarac. C’est à ce moment-là, alors qu’elle était couchée au sol, qu’une trentaine de vautours l’ont attaquée en plein vêlage. Ils ont d’abord commencé par s’en prendre à la vache, puis ils se sont ensuite rués sur le veau, à peine né. Ils l’ont entièrement dépecé. À part la peau et les os, il ne restait plus rien. Quand l’éleveur est passé faire sa ronde en fin d’après-midi, il a tout de suite compris ce qui s’était passé en voyant l’état de ses animaux. Il y avait des plumes partout dans le champ, signe évident d’une attaque. Et surtout, le lendemain matin, en revenant pour enlever les carcasses, il s’est retrouvé face à une nuée de vautours revenus pour finir les restes. Il en a compté jusqu’à 80, présents simultanément sur place. C’est la troisième attaque recensée cette année dans le Gers, la deuxième impliquant des bovins. Ça ne peut plus durer. J’ai eu l’éleveur au téléphone ce matin encore : il est en état de choc. Ce genre de scène est extrêmement traumatisant pour les éleveurs. »

Il s'agit de la troisième attaque attribuée depuis le début de l'année à des vautours sur du bétail, c'est une menace qui est nouvelle sur le département, comment expliquez cette présence de plus en plus importante de vautours ? 

« Ces attaques étaient effectivement inhabituelles, parce qu’il y a encore quelques années, les vautours étaient nourris à volonté dans les Pyrénées. Ils n’avaient pas besoin de chercher leur nourriture eux-mêmes. Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Depuis le début de l’année, les attaques ne sont plus du tout rares : elles deviennent même régulières dans la région. Que ce soit dans le Gers, l’Ariège, les Hautes-Pyrénées ou les Pyrénées-Atlantiques, ce sont des dizaines d’animaux qui ont été tués. Et attention : on ne parle pas de charognes ou d’animaux déjà morts. Ce sont bien des bêtes vivantes qui ont été dévorées vives. »

Des zones du Gers sont-elles plus concernées par cette prolifération de vautours ?

« Oui, on a identifié deux secteurs où la présence de vautours est particulièrement importante. D’abord, la zone autour de Plaisance et Aignan, où, pendant un mois et demi, on a constaté plusieurs dégâts, aussi bien sur la faune sauvage que dans les élevages. Et depuis quelques semaines, c’est dans l’Astarac qu’on observe une concentration inquiétante de vautours. La première attaque a eu lieu ce week-end, et on s’attend à d’autres si rien n’est fait. Ils ont trouvé de la nourriture facilement, donc on sait très bien qu’ils vont revenir. »

Vous avez écrit ce matin au Préfet, que demandez-vous ? 

« J’ai demandé au Préfet une réaction immédiate. D’abord, l’ouverture d’une procédure d’indemnisation pour compenser la perte financière subie par l’éleveur touché par cette attaque de vautours. Ensuite, au niveau départemental, nous demandons l’autorisation de mettre en place des tirs de défense. Cela signifie que chaque fois qu’un éleveur ou un agriculteur voit des vautours en train d’attaquer un animal, il puisse tirer pour tuer — et non simplement pour effaroucher. Déplacer le problème ne le réglera pas. Aujourd’hui, leur surpopulation impacte fortement la faune sauvage pyrénéenne, mais aussi les élevages tout autour du massif. C’est pourquoi nous demandons des tirs de défense ciblés, pour neutraliser les vautours qui attaquent nos bêtes. »

CP : chambre d'agriculture du Gers

E.R

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