Dans le Gers le coq chante, les voisins déchantent : « Qu'ils comprennent qu'on est à la campagne ! »

Le chant d'un coq est au cœur d'une querelle de voisinage à Lectoure. L'affaire va prendre un nouveau virage dans quelques jours avec l'intervention d'une médiatrice.

Le Mitch' chante trop fort. Ce gallinacé est au centre d'un conflit entre voisins dans un hameau de Lectoure, malgré la centaine de mètres qui sépare les deux maisons. Celle de Michel Reckinger, un agriculteur spécialisé dans l'élevage de chevaux, et celle d'un couple de retraités originaire de la région PACA dont le coquelinement de l’animal rend leur quotidien insupportable. À tel point qu'une médiatrice a été missionnée par le tribunal d'Agen.

Le Mitch', au coeur du conflit entre voisins. 

Pourtant, rien ne laissait présager une telle escalade des tensions dans cette commune de Lomagne. « Je suis arrivé en 2023, comme eux. J'avais tout mis en œuvre pour éviter ce genre de situation » raconte Michel. Ce Luxembourgeois d'origine a emménagé dans ce petit coin de Lomagne, quelques semaines seulement après le couple de retraités. « J'avais installé un IBC [une boite en plastique munie d'une trappe, NDLR] sous des arbres pour éviter la chasse des renards et de déranger mes voisins. Pour vous dire, j'avais même pris le soin de mettre mon fumier à l'autre bout de mon exploitation pour qu'ils n'aient pas les odeurs qui vont avec. »

« Nous sommes à la campagne »

Sauf qu'un matin, surprise : Michel reçoit un courrier de ses voisins. « Ils me disaient que le coq ne faisait que les réveiller, j'ai reçu des menaces de textes de lois, notamment celle de l'antériorité. La dame aurait des acouphènes. On a tout de suite compris qu'il n'y avait pas moyen de discuter avec eux et ils ont continué à m'envoyer des courriers en recommandé. » Un matin, une lettre du tribunal d'Agen assomme définitivement l'agriculteur. « J'ai reçu une convocation à la mairie de Lectoure par le tribunal d'Agen, pour rencontrer une médiatrice et trouver une issue à tout ça. J'ai des chèvres, des chevaux. Un tracteur qui fait du bruit, des enfants aussi et ça va forcément les déranger on n'en finit plus. Ce que j'aimerais, c'est que mon cas ne devienne pas un exemple pour toutes les autres personnes qui ont un coq chez elles. Ces gens, il faut qu'ils comprennent qu'on est à la campagne. Pendant la crise sanitaire tout le monde rêvait de s'y installer et maintenant, ils se permettent de venir faire la loi. »

Une manifestation de soutien prévue à Auch

Ce mercredi 25 juin, Michel a été informé d'un changement de lieu : la convocation n'aura pas lieu à la mairie de Lectoure mais au tribunal d'Auch, lundi prochain. « Je pourrai être accompagné d'une seule personne et elle ne pourra pas intervenir. J'ai l'impression d'avoir la tête dans la guillotine et que la corde se grignote de plus en plus. »

Michel appelle « à une mobilisation du monde paysan » le jour de sa convocation au tribunal, lundi 30 juin à 14 heures. Il pourra compter sur le soutien de la Coordination rurale du Gers. « Il y aura du monde sur place » nous confie ce mercredi un dirigeant du syndicat.

N.M