La menace d'une taxe de 200 % sur les vins et champagnes français inquiète les professionnels de la filière viticole jusque dans le Gers. Le député de la première circonscription Jean-René Cazeneuve fustige le locataire de la Maison Blanche et l'exhorte à faire machine arrière.
La menace de cette taxe voulue par le président Trump inquiète la filière viticole française. Le Gers y compris.
Cette taxe, c'est une agression. Elle aurait pour effet de stopper net toute exportation, non seulement de l'armagnac qui était déjà sous tension avec la Chine, mais aussi de l'ensemble de la filière viticole. Ce ne serait évidemment pas acceptable. La viticulture participe énormément à la balance commerciale grâce à la qualité de nos produits, la réputation des vins français et des Côtes de Gascogne en particulier. Ce serait terrible.
Que faut-il faire selon vous? Imposer lourdement les produits américains, dialoguer, négocier ?
Je regrette de le dire, Trump est dangereux. Ce qu'il fait, c'est une remise en cause de cette très longue amitié entre nos pays et ce président ne comprend que le rapport de force. Je pense que le ministre Saint-Martin (ministre chargé du Commerce extérieur, NDLR) avec qui je me suis entretenu, est aussi dans ce rapport de force. C'est-à-dire qu'il faut menacer Trump de la même manière qu'il nous menace. Il n'est pas question de se laisser faire. Il a menacé le Mexique, puis il est revenu en arrière, même chose pour le Canada, ou partiellement. Ce sont des postures de négociation. Je peux vous dire que le gouvernement, les parlementaires, quelles que soient leurs appartenances politiques, sont très remontés et nous nous battrons pour que cette taxe ne soit pas appliquée.
Vous avez pu échanger avec les acteurs de la filière viticole dans le Gers ?
Oui. Je n'ai pas l'habitude de dramatiser, mais 200% vous multipliez par trois les taxes qui sont déjà très importantes sur ce type de produits. Ce serait absolument fatal et j'espère que le bon sens finira par l'emporter. Cette taxe douanière ne ferait que des perdants. Et ça, le président Trump doit finir par le comprendre. Quand vous mettez des barrières au libre échange, vous faites chuter le commerce international avec un effet inflationniste extrêmement important, donc c'est un effet récessif. C'est aussi vrai pour les États-Unis, où on commence à voir que les marchés financiers s'inquiétent de l'impact de ces mesures pour les Américains. Ce serait perdant-perdant.
Explorer de nouveaux marchés serait trop compliqué ?
On ne peut pas se fâcher avec les Russes, avec les Chinois et avec les Américains. Tout ça a des limites. Il faut se mettre autour d'une table et effectivement essayer de trouver des bonnes solutions pour rééquilibrer ces échanges commerciaux. Moi, je ne me sens pas de dire à la filière viticole gersoise : vous avez perdu le marché russe, vous avez perdu le marché chinois, vous allez perdre le marché américain, il va falloir vous porter sur le marché africain ou sur le marché asiatique. Il faut se battre pour que Trump revienne en arrière.
Elon Musk a exhorté l'administration Trump à veiller à ce que la guerre commerciale en cour ne nuise pas aux entreprises américaines.
Les acteurs économiques américains sont en train de dire au président Trump : arrêtez tout ça parce que ça se retourne contre nous. Si les ventes de Tesla (constructeur automobile dirigé par Elon Musk, NDLR) s'effondrent, ce n'est pas complètement par hasard. Si les Canadiens boycottent les produits américains, ça va avoir un impact sur l'économie américaine. Si l'acier qui est importé aux États-Unis leur coûte plus cher, ça va avoir un impact sur le prix des automobiles qui seront fabriquées aux États-Unis, etc. Ça ne fait que des perdants sur le plan économique.
N.M