Non-cumul des mandats : la proposition du Premier ministre ne convainc ni Franck Montaugé ni Sylvie Ferrer

19 décembre 2024 - 17:10

La proposition de François Bayrou de revenir sur le non-cumul des mandats fait grincer quelques dents sur les bancs de l’hémicycle comme au Sénat. Entre « leurre médiatique » et « recul pour les femmes », regards de deux parlementaires que la proposition du nouveau Premier ministre fait réagir.

Franck Montaugé en est convaincu : la sortie médiatique du nouveau locataire de Matignon Français Bayrou de revenir sur la loi du non-cumul des mandats, se résume surtout à une « tentative de leurre » alors que « Mayotte souffre d'une situation catastrophique » après le passage du cyclone Chido, la semaine dernière.

La position du sénateur du Gers - lui-même « victime » de l'application de la loi en 2017 l'obligeant à choisir entre son poste de maire d'Auch et le Sénat - est claire : le Premier ministre tente un stratagème pour « obliger les Français à détourner le regard et ne pas affronter la réalité complexe de notre pays dont Mayotte illustre les manquements républicains ». Emploi, accès aux services publics, éducation « sans oublier la sécurité » sont les « vraies questions qui préoccupent les Français » ... « Il y a aussi certainement un intérêt personnel derrière tout ça » ajoute le parlementaire, rappelant que le maire-ministre occupe dans un second temps le poste de premier édile à la mairie de Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques.

« Même dans un film, les gens trouveraient ça ridicule »

Sa participation au conseil municipal dans la ville qu'il dirige depuis 2014 lundi dernier, n'a pas manqué de faire l'objet de nombreuses critiques. « Sa présence (au conseil municipal, Ndlr) c'est surréaliste dans ces circonstances. Vous mettriez ça dans un film, tout le monde trouverait ça ridicule, ça n'a pas de sens. Les mesures à prendre ne se résument pas à des punchlines » conclut le sénateur.

« Ça ne favoriserait pas les femmes »

En Bigorre, dans la première circonscription des Hautes-Pyrénées que la députée insoumise Sylvie Ferrer représente depuis 2022, la proposition de François Bayrou ne passe pas beaucoup mieux. « Regardez l'Assemblée, nous sommes 36% de femmes siégeant dans l’hémicycle. C'est assez révélateur comme chiffre. » constate la parlementaire, devenue il y a bientôt trois ans la première femme députée de sa circonscription haut-pyrénéenne. « Revenir sur cette loi, ça ne favoriserait pas les femmes et les places que nous sommes parvenues à obtenir seraient probablement récupérées par des hommes. »

A l'instar de Franck Montaugé, elle appelle à « faciliter la participation à la vie publique ». « Pour une femme c'est souvent la charge de l'éducation des enfants, le ménage, des emplois à temps partiel avec des carrières hachées dans une société patriarcale où on doit continuer à se battre contre les stéréotypes genrés, qui commencent dès l'école primaire. Revenir sur cette loi serait un bon en arrière ».

N.M

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