Alors que les flux touristiques reviennent globalement au niveau qu'ils occupaient avant pandémie, petit tour d'horizon des tendances observées dans deux agences de voyage du Gers en cet été 2023.
Ils ont des chapeaux ronds, vive la Bretagne. Ils ont des bérets ronds, vive les Gascons. S'il est encore trop tôt pour parle d'idylle entre le Gers et la péninsule à la blanche hermine, Maud Fauquembergue, responsable de l'agence de voyage Leclerc d'Auch, la tendance est au crachin et à la galette-saucisse, ainsi qu'au changement de paradigme niveau vision des vacances. Les grosses structures, à visée industrielle, n'ont plus forcément la cote, ou du moins attirent moins qu'auparavant. Elle témoigne : « on va plus vendre là où il fait plus frais. On a des clients qui sont en recherche de petites structures hôtelières, quelque chose de beaucoup plus intimistes. Depuis le covid on a un élan slow tourisme, c'est à dire se mettre au vert. Aller dans des zones un peu moins touristiques pour profiter du paysage. En Bretagne par exemple, il y a autant du balnéaire que du patrimoine, et de la culture dans les terres ».
« Ce qui est tendance ce sont les destinations à la carte »
Une logique que constate aussi Pascale Delplanque, reponsable de l'agence Univairmer, plus orientée sur l'international que son homologue. « Le panier moyen a pas mal baissé donc nous avons des destinations moyen-courrier qui vont être demandées. Ce qui est assez tendance ce sont les destinations à la carte, pour sortir des sentiers battus. C'est la valeur ajoutée d'une agence de voyage ». Parmi ces « nouvelles » destinations l'Europe du Nord – recherche de fraîcheur oblige – et Centrale/de l'Est, pour son « meilleur rapport qualité-prix ». Malgré un budget moins important que par le passé, les séjours ne sont pas nécessairement revus à la baisse en termes de durée : « on est sur un rallongement de la durée parce qu'avec des vols plusieurs fois par semaine depuis Toulouse nous préconisons plutôt neuf ou dix jours qu'une semaine. Une semaine ça ne fait réellement que cinq jours de vacances entre vol aller et vol retour ».
De manière générale, si les envies changent, le désir de partir lui, plane toujours dans les esprits. Surtout après une période de privation difficile, « les gens ont vraiment envie de se dépayser, sortir de chez eux », avance Maud Fauquembergue.
L'éco-anxiété par encore au cœur des préoccupation des vacanciers
On pourrait être tenté d'imputer la réorientation des séjours vers des destinations moins « exotiques » à une prise de conscience des thématiques écologiques. Pas encore un sujet prégnant dans les esprits à l'heure actuelle selon la responsable de Leclerc Voyage : « ça commence à questionner les gens, est-ce que je vais prendre l'avion aussi loin ? Avec l'impact carbone etc. Mais ce genre de problématique n'est pas encore très importante au niveau de l'agence ». Constat secondé par Pascale Delplanque : « ils viennent en agence avec l'idée de consommer un voyage. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne sont pas soucieux de la question. Mais je pense que les personnes très sensibilisées par ce sujet vont plutôt partir sur du slow tourisme, du tourisme de proximité, régional ».
Vous l'aurez compris, pas forcément le cœur de cible des agences de voyage, qui ne deviennent un interlocuteur privilégié par les futurs villégiateurs qu'à partir du moment où le souhait est de s'éloigner franchement du lieu de résidence. Exit donc les sauts de puce à l'intérieur du Gers et la majorité des déplacements dans les départements voisins. Même si les Pyrénées ne sont pas tout à fait absentes du paysage : « c'est en minorité par rapport aux destinations en bord de mer mais on a quand même des mises au frais en famille, à la montagne avec un petit chalet ».
V.M