Gers : "Bouge 2.0" remettre le sport au programme de la jeunesse

24 janvier 2025 - 11:30

Organisé au Mouzon, l'événement Bouge 2.0 mobilise depuis quelques années plusieurs classes du Grand Auch le temps d'une journée sportive. Au programme tests physiques, activités d'initiation et de sensibilisation.

Les grandes causes nationales annuelles ont souvent pour elles l'avantage de l'urgence et le désagrément de voir leur traitement remis aux calendes grecques une fois l'éphéméride achevé. L'an passé les Jeux Olympiques de Paris avaient mis le sport sur toutes les bouches, surtout les plus avides. Il faut croire que les médailles ne payent plus. Le revoilà parent pauvre des politiques publiques, poste sur lequel couper les excès de gras quand il faut imposer de l'exercice physique à un budget plein de bonnes résolutions. Reste que le sport n'a rien perdu de ses enjeux au 1er janvier, et les mesures effectuées année après année au sein de la jeunesse française n'ont pas encore fait état d'un rebond offensif des capacités physiques des nouvelles cohortes d'adolescents.

Une journée pour renouer avec le sport

Le bonheur a beau être dans le Gers, l'herbe n'y est pas plus verte. « On se rend compte que les jeunes, depuis une dizaine d'années, ont des capacités physiques beaucoup plus basses que les personnes qui étaient testées dans les années 80 » explique Sophie Médiamole, la directrice du Comité Départemental Olympique et Sportif 32, organisateur de la journée Bouge 2.0 avec plusieurs écoles du Grand Auch. Le traditionnel test Cooper (12 minutes de course pour déterminer la vitesse maximale aérobie) a par exemple été découpé - désormais à 6 voire 3 minutes - face aux difficultés rencontrées par les élèves de 9 à 10 ans (CM1-CM2). « L'offre sportive a augmenté, pour autant on se rend compte que le jeune pratique moins ou a une pratique plus loisir et moins compétitive. Du coup les capacités baissent ». La journée au Mouzon, organisée autour d'ateliers thématiques à la fois sportifs - endurance, souplesse, adresse, équilibre, coordination, laser-run (photo ci-dessous), cécifoot - et sociétaux - alimentation, sommeil, écrans, environnement - vise en ce sens à rétablir le lien entre les enfants et la pratique sportive, même loisir pour commencer.

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Car au-delà d'un rapport au corps distendu - en endurance mais pas seulement - les élèves de primaire semblent même devenir peu à peu étrangers au jeu lui-même. « Quand on va dans les écoles pour mettre les jeux en place on se rend compte qu'ils n'ont pas du tout le savoir ou les règles sportives. Par rapport juste à la mise en place d'un terrain, les couleurs, ce que ça veut dire » constate la directrice du comité olympique, qui intervient régulièrement dans les cours de récréation pour tenter de recréer une fibre sportive chez cette génération Alpha. Avec, une fois la graine plantée, des résultats encourageants. « Quand les écoles ont beaucoup de dispositifs pour faire intervenir les clubs dans les structures de l'établissement, les jeunes arrivent à changer de regard ». Encore faut-il que « l'aspect environnemental et familial suive ».

Addicts aux écrans et « fiers » ?

L'école n'a en effet pas le monopole du corps des jeunes. Les trente minutes d'activité physique quotidienne imposées en guise de bonne conscience par un gouvernement en pleine poussée d'olympisme auront peut-être un effet positif sur certains, mais la problématique réside surtout ailleurs, dans les foyers et face un adversaire aux multiples visages. « Ils ont une société qui est face aux écrans, qui les incite à avoir des positions plus assises et à être moins souvent dehors » déplore Sophie Médiamole. Une dépendance abordée au Mouzon lors de l'atelier de sensibilisation mis en place avec le concours des jeunes étudiants en BTS du lycée professionnel agricole de Mirande. « Pensez-vous avoir une addiction aux écrans ? » interrogent les aînés. « C'est quoi une addiction ? » répondent les cadets, en classe de CM1-CM2 à l'école Jean-Jaurès, avant d'opiner avec véhémence, conscients de leur dépendance. « Terrible, vous en êtes fiers » leur lance leur professeur, Mme Arnaud, sans créer beaucoup d'émoi dans l'assistance.

Ces rappels réguliers sur les dangers des écrans « ne servent strictement à rien » argue l'institutrice, « ils en sortent en courant pour aller jouer en ligne ». Même son de cloche désabusé chez un homologue du Pont-National, « là c'est très gentil, c'est bon enfant, dans le même domaine que ce qu'on peut expliquer à l'école ». Mais tous les rappels ne sont pas aussi ineffectifs. « Rien ne vaut un professionnel de la ''repression'', de personnels du commissariat qui sont vraiment en lien avec les dérives. Les enfants sont beaucoup plus sensibles à ce genre de démonstrations ». Reste que pour prévenir et éviter de guérir ou de sévir, c'est dans les cours de récréation et les parcs que le sport doit prendre le dessus.

V.M

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