Violences, agressions sexuelles, viols.. Les témoignages d'anciens élèves de l'école Notre-Dame de Garaison, à Monléon-Magnoac, continuent d'affluer dans le sillage de l'affaire Bétharram. Mercredi dernier, 36 témoignages ont été déposés dans le cadre de l'enquête par le "Collectif de victimes de Notre-Dame de Garaison". A l'origine du collectif : Philippe Sarlat, lui même victime de violences pendant sa scolarité dans l'établissement catholique. Entretien.
Quel est l'objectif de la démarche du collectif de partager ces témoignages ?
Je demande aux personnes qui travaillent dans des établissements de s'allier les unes aux autres pour dénoncer quelqu'un qui aurait des pratiques violentes envers les enfants, pour empêcher cette personne de sévir. En écoutant ce qu'il s'est passé à Bétharram, j'ai réalisé que j'avais vécu la même chose à Garaison. J'ai lancé une page Facebook où on s’est raconté les sévices qu'on avait subi, certains très graves, puis j'ai proposé de monter un collectif.
Tous les témoignages sont utilisés pour mener l'enquête. L'enquêteur fait passer des auditions et à l'issue demande si la personne veut porter plainte. Treize personnes m'ont sollicité, avec des témoignages à me donner, depuis mercredi. Quand on en aura une dizaine ou quinzaine on ira les apporter à l'enquêteur. Certains ne passent pas par le collectif et portent plainte directement à la gendarmerie. Ça suit son cours.
Entre agression et châtiment physique, comment distinguez-vous la maltraitance de ce qui a été considéré comme normal à l'époque ?
Arcade ouverte, épaule déboîtée, nez cassé, tympans déchirés... Les agressions physiques dont on était victime sont sans comparaison avec les châtiments corporels qu'il y avait autrefois. J'étais dans le privé avant d'aller à Garaison, on ne m'a jamais blessé physiquement avec un châtiment corporel. Même à l'époque, ce n'était pas normal de tabasser un gamin et qu'il soit blessé.
Que relatent principalement ces témoignages d'anciens élèves ?
On a beaucoup de témoignages allant de la fin des années 70 au début des années 90. Les violences physiques étaient le plus nombreuses. Les violences psychologiques, des fois c'est lié. Il y avait des humiliations comme faire des tours de cour en caleçon, se faire renverser du lit. Puis des astuces qu'ils trouvaient pour mettre la claque sans qu'on puisse parer, faire semblant d'armer la main gauche et taper de la main droite. Ils nous demandaient si on préférait un coup de poing dans l’épaule de face, de côté, ou une claque. C'est une maltraitance terrible.
Les gens qui témoignent parlent d'un refus de la scolarité, moi ça a retardé ma scolarité. On a tous eu des problèmes avec l'autorité après, des difficultés sociales aussi. Manque de confiance au monde adulte. De la violence en soi. Certains ont fait des psychothérapies, même à l'époque ce n'était pas très courant.
N.B
Crédit photo : Google Maps