Les menaces de taxes chinoises sur l'Armagnac peuvent-elles mettre en péril la filière?

30 août 2024 à 17h34

Un vent d’inquiétude souffle sur la filière de l'Armagnac après l'annonce du ministère du Commerce chinois. « Le MOFCOM a annoncé que des droits additionnels d’une valeur moyenne de 34,8 % pourraient s’appliquer dès la fin de l’enquête à l’importation des eaux-de-vie de vin, de marc et de brandies européens » selon le Bureau national interprofessionnel de l'Armagnac. « Cela pourrait perturber la stabilité économique de la filière » alerte Olivier Goujon, son directeur.

Comment expliquer cette taxation de la Chine, l'un des pays au marché conséquent pour la filière Armagnac ?

Le contexte ne résulte pas seulement d'une enquête antidumping sur les eaux-de-vie et brandies européens, on sait que c’est dans un contexte de représailles envers l’Europe appuyé par la France et l'Allemagne autour de l'importation de véhicules électriques chinois en France et en Europe. Nous sommes les sacrifiés de cette relation diplomatique économique entre nos deux mondes. Aujourd'hui, nous appelons à sortir de cette crise puisque nous avons répondu à toutes les injonctions du MOFCOM, nous n'avons rien à nous reprocher.

Que représente le marché chinois aujourd'hui pour la filière Armagnac sur la question des importations ?

La Chine représente le deuxième marché en valeur et le troisième marché en volume, donc on le commerce parfaitement à sa juste valeur. Les amateurs chinois aiment les eaux-de-vie à forte valeur ajoutée. C'est un vrai sujet de politique plus globale de nos exportations vers nos 4 marchés que sont les États-Unis, la Chine, la Grande-Bretagne et la Russie. Le marché américain est très amoureux des eaux-de-vie brunes.

Cette décision peut-elle mettre en péril la filière Armagnac?

Non, mais elle va perturber la stabilité économique de la filière. L'Amérique sous Trump voulait mettre des taxes sur les importations de brandies, Armagnac et Cognac, là, il y a la guerre à l'Est et maintenant cette décision de la Chine. Nos marchés prépondérants se retrouvent avec des instabilités et cela amène à la réflexion au sein de notre filière, peut-être en renforçant notamment le marché français. On appelle à ce qu'une solution soit trouvée rapidement, d'ici à deux mois, parce que la fin du chantier de réflexion européenne est prévue entre fin septembre et octobre. Mais pour ça, il faut que des ministres soient nommés rapidement dans le contexte politique français que l'on connaît actuellement.

Quelles relations entretenez-vous avec la filière Cognac ?

On travaille depuis le début grâce à leur aide. La filière Cognac a une capacité de lecture réglementaire que nous, petit frère Armagnac, n'a pas. On fait un travail de paire qui permet de savoir comment et pourquoi les choses se font.

N.M

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