Le plus grand glacier des Pyrénées françaises fond de plus en plus rapidement. C'est un constat qui se confirme chaque année selon les mesures du glacier d'Ossoue effectuées par l'association Moraine. Plus de détails avec le glaciologue Pierre René. Entretien.
Quels constats tirez-vous des mesures effectuées cette année sur le glacier d'Ossoue ?
Une très faible accumulation neigeuse au cours de l'hiver dernier a fait que le glacier partait déjà sur de mauvaises bases pour son année 2023. L'été a été particulièrement défavorable, soutenu et chaud en haute montagne. Très rapidement, le glacier a perdu sa teinte blanche de neige pour prendre la teinte grisâtre de glace. Celle-ci entraîne une absorption majorée du rayonnement solaire et donc une fonte accrue.
Quels effets a cette fonte accrue sur l'environnement et la biodiversité du glacier ?
La biodiversité présente sur et en périphérie des glaciers est peu connue mais on sait qu'elle existe. Un glacier crée un écosystème, un milieu qui est frais toute l'année et en perpétuel changement. Un certain nombre d'espèces pionnières, aussi bien végétales qu'animales, s'y développent. Si on supprime les glaciers, on supprime aussi ce milieu de vie original. A ce titre-là on affecte la biodiversité de la montagne.
En quoi l'évolution de ce glacier en particulier reflète le réchauffement climatique ?
La vie d'un glacier s’organise autour de deux phénomènes antagonistes : La période hivernale lors de laquelle le glacier se recouvre de neige et la période estivale où le glacier fond. Sur une longue période, il y a une grande variabilité des cumuls de neige et celle-ci ne peut pas être mise en cause quant à la régression du glacier. Par contre, si l'on s'intéresse aux températures annuelles, il y a également une grande variabilité mais surtout une tendance nette à l'augmentation.
Comment réalisez-vous ces mesures ?
Quand on parle de mesure, on parle de la mesure de la longueur, de la superficie et du volume du glacier. Pour préciser la variation de l'épaisseur du glacier d'Ossoue nous procédons selon la méthode glaciologique. Elle consiste à faire des mesures sur le terrain, du cumul de toute la neige sur le glacier à la fin de l'hiver, puis on mesure l'ensemble de la neige et de la glace qui fond au cours de l'été. Ce grâce à des balises plantées dans le glacier et à une foreuse à vapeur. En mesurant l’émergence de ces balises qui dépassent, on peut suivre la perte d'épaisseur de glace.
N.B
Crédit photo : Guillaume Baviere, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons