Le ministère de l’Agriculture a annoncé ce mardi qu’il a relevé le niveau de risque de contamination de grippe aviaire en France, passant de « négligeable » à « modéré », amenant à des mesures de prévention et de biosécurité des élevages de volailles renforcées. S'il comprend cette mesure de « prévention », le président de l'association pour la promotion du foie gras et de l'aviculture, Benjamin Constant, espère insérer dans le débat la question de « l'abaissement du risque » si la situation s'avère finalement saine dans les élevages.
La France a nivelé par le haut le risque de propagation de grippe aviaire. Comment expliquer cette élévation alors que la France semble épargnée depuis un an ?
C'est une prise de décision faite unilatéralement par le ministère de l'Agriculture et les services de l'Anses. Avec l’interprofession, on pensait qu'avec la vaccination qui porte ses fruits en France, nous n'étions pas encore dans un risque de contamination, ou même d'une arrivée du virus. Nous n'avons pas été concertés en amont.
Concrètement, quelles mesures vont être appliquées pour les éleveurs ?
Ceux qui se trouvent dans une zone à risque de diffusion (ZRD) ou dans une zone à risque de propagation (ZRP) vont être amenés à mettre leurs animaux à l'abri malgré l'acte de vaccination et les mesures de sécurité mises en place. Le but est d'éviter tout risque de contamination, notamment dans le sud-ouest. On revient sur la même lecture des années précédentes... que l'on regrette.
La France est la seule à vacciner en Europe et le virus arrive de pays frontaliers. Cela doit être frustrant pour les éleveurs qui jouent le jeu de la vaccination...
On applique les choses et on le fait de façon professionnelle. Le gouvernement se réfugie sur ce qui peut se passer au-delà des frontières. Il est vrai que la contamination semble être forte dans ces pays et on se doit de ne pas revivre avec des animaux contaminés, ça pourrait être dommageable. Le problème, c'est qu'on nous élève le risque très rapidement pour se sécuriser, ce qu'on comprend. Mais le vrai sujet sur lequel on doit travailler, c'est sur l’abaissement du risque : quand il n'y a aucun problème, ce serait judicieux de rabaisser ce risque pour permettre de ressortir nos animaux en plein air, c'est une pratique qui fait notre identité.
La France est seule à appliquer la vaccination en Europe. Vous espérez la même politique dans les autres pays du continent ?
Chaque pays est maître de sa politique sanitaire et on peut le regretter quand on voit les difficultés au niveau européen pour s’aligner sur des règles de production. Alors, imaginez pour la vaccination. On a besoin de faire ce retour d'expérience, mais il ne faut pas oublier que depuis trois mois, nous n'avions aucun interlocuteur au ministère de l'Agriculture [depuis le changement de gouvernement, NDLR]. On se questionne aussi pour la vaccination en 2025 : que va faire ce nouveau gouvernement ? La France joue le jeu, mais les règles n'ont pas évolué. Si on fait des choses que d'autres ne font pas, il faut les valoriser.
N.M