Effondrement à Saramon : " Une église reste le phare d'une commune " affirme l'abbé Cenzon

18 mars 2023 à 11h38
Deux jours après l'effondrement de la tour Saint-Victor de Saramon, l'Abbé David Cenzon, délégué épiscopal à l’information, revient sur cet événement qui a marqué le Gers et la communauté catholique. « Il est trop tôt » pour évoquer l'après. Entretien.
 
Quel sentiment vous anime deux jours après l'effondrement de la tour ?
Patrimonialement c'est une perte, mais religieusement elle n'était pas utilisée pour le culte. D’ailleurs, on ne sait pas trop si cette tour était un reste de l'ancienne église. Ce qui nous ennuie, c'est qu'elle s'est effondrée sur le cœur de l'église actuelle, faisant un trou béant et explosant le maître-autel. C'est le lieu où l'on célèbre la messe et de nombreuses personnes s'y sont retrouvées pour des funérailles, des baptêmes ou des mariages. Une église reste le phare d'une commune.
 
Un lieu qui a traversé le temps, comme cette tour érigée il y a plus de 10 siècles.
Beaucoup l'ont dit sur les réseaux sociaux quand j'ai mis ce message sur ma page Facebook. C'est comme la perte d'un être cher. On va jusqu'à personnifier un bâtiment parce qu'il nous parle beaucoup plus que de simples pierres.
 
Funérailles, baptêmes, mariages : comment allez-vous vous organiser désormais ?
Nous allons nous arranger puisque l'église va fermer ses portes pendant un moment. Aujourd'hui, un prêtre intervient dans une trentaine de communes environ, et donc il y a une solidarité qui s’opère entre communes. On va s'organiser, l'abbé Quierzy, qui est aussi curé de Saramon, est en discussion avec les maires des communes proches de Saramon.
 
Est-ce qu'il est trop tôt pour parler de l'après ?
Oui, par ce que la crainte qu'ils ont, c'est que les parties restantes de l'église -comme les murs et les charpentes- ont été fragilisées et que dans les jours qui viennent, il y a ce risque qu'elles continuent de tomber. Heureusement, tous les objets de culte et statues ont été mis à l’abri à la mairie dans d'autres lieux.
 
Vous allez certainement répondre « tous ». Mais est-ce qu'un objet a plus de valeur, plus d’histoire qu'un autre à vos yeux ?
Il y a les reliques de Saint-Victor qui sont un élément phare de la célébration organisée chaque année dans la commune. Cette procession de la Saint-Victor s'est « laïcisée » au fil des années, mais ses racines sont très religieuses. Cette année, la fête [elle se déroule en mai, NDLR] sera peut-être célébrée en plein air.
 
D'autres objets vous viennent à l'esprit ?
Le maître-autel de l'église qui date du XVIIIe siècle composé de bois doré. Il a de la valeur pour avoir traversé autant de siècles mais la chute des pierres l'a explosé. On verra s'il est possible de le restaurer, ce sont les architectes qui le diront. C'est une transmission du passé jusqu'à nos jours.
 
La procession de la Saint-Victor, les gens y sont attachés.
On en parle dans tout le diocèse. Elle reste très folklorique aujourd’hui mais l'église est bien présente. On y promène les reliques de la Saint-Victor.
 
Pour revenir à l'effondrement de la tour, la sécheresse pourrait avoir joué un rôle dans l'incident. Est-ce que vous encouragez les autorités compétentes à redoubler de vigilance alors que des épisodes de sécheresse comme celui que l'on traverse devraient s'accentuer dans les années à venir ?
On pourrait faire comme mes prédécesseurs et prier pour demander la pluie, mais les touristes ne seraient pas heureux. On peut faire des rogations autour des cultures, il y a des choses à faire. Sinon, il faut rappeler que les églises construites avant 1905 appartiennent aux communes, il relève donc aux autorités municipales d'entretenir les bâtiments. Nous, nous n'en sommes qu'affectataires. C'est le seul patrimoine de nos villages qui a traversé le temps, tous ne sont pas dotés de vestiges gallo-romains.
 
La fête des Rameaux sera célébrée le 1er avril à Simorre. Elle sera dédiée en partie à cet événement ?
Effectivement, l'archevêque s'est proposé d'aller à la rencontre des paroissiens pour exprimer toute la compassion que nous avons et de redire que ce n'est que du matériel. Malgré le contexte, elle restera une grande fête, et puis cet événement permettra d'être en communion avec tous ces pays en guerre où beaucoup de lieux sont aussi détruits par les bombes. Ils vivent tout ça d'une façon plus dure, et pus souffrante.
 
 N.M

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