Le Tour à Auch entre célébrations et émotions

La foule des grands jours dans tout Auch et plus encore en haute-ville. Après quarante-huit ans de disette en début ou en fin d'étape du Tour de France, la capitale gasconne faisait son retour au menu de la Grande Boucle au départ de la 12ème étape ce jeudi.

Un parvis de la Cathédrale bondé face au podium, des abords de la Mairie pleins à craquer en vue du point de départ fictif ; Auch n'a pas raté son retour dans le grand monde du cyclisme ce jeudi, et c'est peu dire que les Gersois attendaient cette 12ème étape, probablement un peu plus que les coureurs d'ailleurs vu le programme concocté par l'organisation.

Des émotions et de la transmission

Si Hautacam était déjà dans les têtes des leaders du général, bien plus froids sur le podium que la météo au-dessus du sud-ouest et le public massé au pied de la Cathédrale, la présentation a offert deux moments d'émotion qui rappellent que le cyclisme et le sport sont en fait peu de choses. Le brassard noir des commissaires de course et de l'équipe Jayco AlUla sont d'abord apparus, un hommage à Samuele Privitera, jeune coureur italien dont le décès brutal au cours d'une étape du Tour du Val d'Aoste hier a évidemment creusé les visages des sept représentants de l'équipe australienne. Le passage de l'écurie Ineos-Grenadier ensuite, l'occasion de rendre un dernier hommage à Nicolas Portal, Auscitain dont les succès sur le vélo et derrière le peloton sont désormais des souvenirs pour proches et public, cinq ans après son décès. Le Gallois Geraint Thomas, emmené jusque sur les Champs-Elysées en jaune par Portal en 2018 a pu se remémorer le directeur sportif mais aussi et surtout l'homme, « a good bloke », un bon gars.

Un bon gars dont le petit gars Lenny a pu prendre son bain de foule avant de s'élancer vers les Pyrénées. Bénéficiaire comme sept de ses coéquipiers de l'Union Vélocipédique Auch Gers Gascogne de l'initiative Continental Cadets-Juniors, le fils de Nicolas a devancé ses aînés de quelques heures à l'assaut d'Hautacam. Parmi ces aînés, Pavel Sivakov, coéquiper de Tadej Pogacar et local de l'étape, lui qui a passé plusieurs saisons en formation à L'Isle-Jourdain. Clin d'oeil logique, c'est l'IBCI (Intégrale Bicycle Club L'Isle-Jourdain) qui s'est retrouvée au cœur de la présentation grâce à l'opération Casques LCL. Dernière initiative en faveur de la jeunesse, la « dictée du Tour » et ces huit élèves de CM1 de la ville récompensés pour leurs performances ortographiques.

« J'ai envie de résever mon billet, est-ce que je peux venir ? »

Hors du podium ils sont beaucoup aussi à avoir vécu un petit moment d'histoire personnelle. A l'instar de Julien, originaire de Seine-et-Marne et en vacances dans le Gers et à Auch, « une très belle ville. Très heureux de la découvrir en même temps et évidemment très heureux de voir les coureurs ». Ancien cycliste et passionné du Tour il fait état d'une bonne humeur générale contagieuse.

Venu de bien plus loin que la déjà lointaine Seine-et-Marne, Noah, enfant de Los Angeles avait coché l'évènement d'une pierre blanche. Pas une première à Auch pour ce rugbyman américain que les rencontres de la vie ont lié à la Gascogne, mais une découverte inédite de ce que les statistiques d'ASO érigent souvent en troisième événement sportif international. « Quand j'ai vu qu'il y avait la douzième étape à Auch j'ai appelé mon pote Thomas, je lui ai dit ''j'ai envie de réserver mon billet est-ce que je peux venir te passer une visite ?'', il m'a dit bien sûr mec ! » explique l'Angelino. Le voilà le sac plein de goodies, tout heureux de vivre « live » et dans l'envers du décor la course qui le scotche devant son écran tous les mois de juillet. Une belle destinée pour ces porte-clés et bobs multicolores, qu'il ramènera en Californie « comme des cadeaux de valeur ».

Pour eux, ce ne sont que trois kilomètres, mais trois bornes qui ont le goût du périple. Les six résidents de l'EHPAD des Jardins d'Agapé ont parcouru le long des berges le chemin entre le nord de la ville et les abords du pont de Lagarrasic. Accompagnés de leurs animateurs et escortés par quelques CRS, les voilà postés dans l'ombre d'une bâtisse sur le trajet du peloton. « Nous avons été accueillis gentiment donc nous avons pu rester à l'ombre, profiter de la caravane, mettre l'ambiance dans la rue » s'enthousiasme Anne Saint-Sernin, l'animatrice en chef, qui résume bien l'état d'esprit de cette journée de célébration. « Tout le monde est enchanté, tout le monde est ravi, on va bien dormir ce soir. C'est la magie du Tour de France ».

V.M