Serge*, 73 ans, retraité agricole, comparaissait ce mardi 24 juin pour la toute première fois de sa vie devant la justice. Le septuagénaire était poursuivi pour « sévices graves ou actes de cruauté envers un animal domestique, apprivoisé ou captif, ayant entraîné la mort ». Les faits remontent à octobre 2024, dans la commune de Montblanc, au sud-est du Gers. Une affaire qui a suscité un vif émoi, tant localement que dans le milieu de la protection animale. Cinq associations se sont d'ailleurs constituées partie civile ce mardi, représentées par des avocats : la SPA, la Fondation Brigitte Bardot, 30 Millions d’Amis, l’Association Stéphane Lamart et le Gang des Matous. Cette dernière est d’ailleurs la plus concernée dans cette affaire.
Elle a été saisie en octobre 2024 par la sœur du prévenu, au sujet de la prolifération de chats errants sur sa propriété. L'association lui a alors mis à disposition des cages pour permettre leur capture, en vue de leur stérilisation. L’octogénaire devait, en contrepartie, relâcher les chats stérilisés dans leur environnement initial. Si les chats ont bien été capturés, ils n'ont toutefois jamais été stérilisés.
« Les chats sont morts » le message glaçant reçu par la vice-présidente de l'association le Gang des Matous
Sans nouvelles des chats, la vice-présidente de l’association Le Gang des Matous reçoit, au bout de plusieurs jours, un message vocal glaçant laissé sur son répondeur par la propriétaire des lieux. Au bout du fil, celle-ci déclare : « Je vous ai trahis, les chats sont morts. » À la suite de ce message, l’association dépose immédiatement plainte. Les enquêteurs de la gendarmerie font rapidement la lumière sur cette affaire au dénouement tragique. Au cours des auditions, la propriétaire du terrain indique que son frère s’est chargé de « supprimer les chats ». À la barre, le prévenu ne conteste pas les faits et assume son implication. Le président de l’audience détaille alors le sort macabre réservé à ces animaux.
Si le prévenu a reconnu selon ses termes avoir « supprimé les chats », il a réfuté les accusations de « sévices et actes de cruauté », déclarant que « les chats n’ont pas souffert et sont morts sur le coup » d’une balle dans la tête. Des « réponses ahurissantes » pour les avocats des parties civiles, qui ont unanimement pointé du doigt « l’absence d’empathie envers les animaux » de la part du septuagénaire. Un sentiment également partagé par le parquet. La substitut du procureur a tenu à rappeler, lors de son réquisitoire, « la politique pénale ferme » adoptée par le parquet d'Auch face aux maltraitances animales.
« Mon client n’est pas un tueur en série de chats », a tenu à clarifier la défense, représentée par Me Pierre Thersiquel. L’avocat a évoqué les difficultés rencontrées par son client depuis la médiatisation de l’affaire, notamment des « commentaires haineux » publiés sur les réseaux sociaux à son encontre. « Il ne dort quasiment plus depuis plusieurs mois », a indiqué l’avocat, qui s’est également étonné, dans sa plaidoirie, des demandes « très élevées » de dommages et intérêts formulées par les parties civiles, atteignant plus de 15 000€, une somme "disproportionnée" pour maître Thersiquel, rappellant la modeste retraite de son client. Autre point remis en question par l'avocat de la défense : les notions « d’actes de cruauté » et de « sévices », réclamant une requalification des faits.
Une demande qui n’a finalement pas été retenue par le tribunal d'Auch, qui a reconnu le septuagénaire coupable des faits initialement reprochés. Il a été condamné à deux mois de prison avec sursis et devra verser un total de 4 800 € aux associations parties civiles à titre de dommages et intérêts. À cela s’ajoute une peine complémentaire : l’interdiction de détenir un animal de compagnie.
*prénom d'emprunt