« Attaque de vautours sur troupeaux, vigilance sur jeunes bovins et leurs mères », le message d'alerte émane en début de semaine de la Chambre d'Agriculture du Gers sur ses réseaux sociaux. Ces derniers jours, plusieurs éleveurs ont observé ces rapaces nécrophages, en nombre assez important, rodant autour de leurs exploitations. Habituellement observés dans les Pyrénées, la présence de ces "vautours fauve" sème l'inquiètude au sein du monde agricole gersois. En cause : des attaques dont auraient été victimes de jeunes veaux vivants. Parmi les victimes : Alexandre Solans, jeune agriculteur installé à Armous-et-Cau près de Marciac. Il témoigne :
Alexandre, que s'est-il passé sur votre exploitation et celle de votre voisin ?
"Dimanche, j’étais en train de faucher pour faire du foin, quand j’ai malheureusement heurté un petit chevreuil. Très vite, des buses sont arrivées pour se nourrir de la carcasse. Puis, tout à coup, elles se sont envolées, et j’ai aperçu un grand oiseau : un vautour. J’en avais déjà vu en montagne, mais jamais ici. D’autres l’ont rejoint rapidement, j’en ai compté treize au total. Ils sont restés environ dix minutes, le temps de dévorer le faon. Ensuite, ils ont disparu. Mardi matin, mon voisin est allé voir ses vaches, comme chaque jour. L’une d’elles venait de mettre bas, le veau était vivant. Quelques heures plus tard, en repassant, il a découvert sept à huit vautours sur le veau, en train de le dévorer. L’animal n’avait sans doute pas encore réussi à se lever. Couché au sol, il a été pris pour une proie et ils l'ont dévoré."
Vous avez déjà subi une attaque de vautours par le passé...
"L'an dernier, j'ai connu la même mésaventure dans une prairie. Avec un jeune veau qui venait de naître, qu'on a retrouvé mort. On avait alors observé des signes distinctifs laissant penser à une attaque de vautours. Souvent quand ils attaquent, ils crèvent les yeux. Il y avait aussi des traces de déchiquetage avec le bec. J'avais fait venir un expert, qui m'avait bien confirmé que c'était des vautours responsables de l'attaque."
Quel est le sentiment qui prédomine ?
"C’est très préoccupant. J’étais encore au téléphone tout à l’heure avec un collègue de Labejan : il a vu une quinzaine de vautours hier. On se pose des questions. Est-ce qu’ils vont s’installer durablement dans la région ? Si c’est le cas, il va falloir adapter nos pratiques. Peut-être rentrer plus tôt les femelles prêtes à mettre bas. Ce qui implique de faire des diagnostics de gestation réguliers pour connaître précisément les dates de mise bas. Le problème, c’est que garder les bêtes à l’intérieur coûte bien plus cher."
Comment expliquez-vous cette présence accrue et assez inhabituelle ces derniers temps de vautours dans le Gers ?
Vidéo filmé par l'éleveur gersois sur son exploitation
Des propos recueillis par E.R
Contacté par notre rédaction via la Préfecture du Gers, les agents de l'OFB indiquent à ce stade ne pas avoir été saisi pour des attaques de vautours sur des élévages du département.