Gers : Thibault Daurat accélère à Dubaï

06 mars 2023 à 15h44

Il étrennait pour la première fois son nouveau bolide en compétition. Et en termes de compétition, Dubaï réserve son lot de concurrence internationale. Pas de quoi effrayer Thibault Daurat, qui a pu goûter à l'adversité qu'il rencontrera à Paris cet été lors des Championnats du Monde de Para-athlétisme (catégorie T54), et, si les progrès attendus sont au rendez-vous, au même endroit en 2024, lors des Jeux Paralympiques.

Il n'est pas encore question à ce moment de l'année, et de sa carrière, de marquer le territoire à la bagarre avec les cadors de la discipline. Ses moyens physiques ne le lui permettent pas encore, et la vérité est ailleurs puisqu'en championnat la seule place fait foi. Mais pour avoir la chance d'être au départ des grandes compétitions internationales, il faut quand même être en mesure d'aller vite. Aligné sur la bagatelle de quatre distances aux Emirats, le jeune auscitain s'est donc attelé à faire « descendre les chronos », son objectif principal pour la première sortie de la saison. Histoire de réaliser les minimas mondiaux dans les épreuves où ce n'était pas encore le cas, et de se placer aux bilans pour envisager à terme la qualification olympique.

Sur 400m, l'athlète de 19 ans a abaissé son record à 47''70, lui qui n'était jamais passé sous les 49 secondes avant cette compétition. « Gagner deux secondes sur 400m c'est très dur », et c'est surtout une performance qui commence à rapprocher le Gersois du plus haut niveau mondial. Classé onzième au scratch, dixième à trois par nation (le maximum en championnat international), Thibault Daurat est aussi loin du cinquième (le Chinois Yin Zhang en 46''49), que le cinquième du vainqueur (le Suisse Marcel Hug en 45''25). Ce n'est pourtant pas la distance sur laquelle il place ses plus grandes ambitions. Le 400m, seule course de son programme disputée seul dans un couloir, particulièrement explosive, ne convient pas forcément à ses qualités : « moi ce qui me manque c'est le démarrage ». Une problématique en partie réglée par l'apport de son nouveau fauteuil sur mesure, dont les effets se font déjà sentir, en termes de sensations et apparemment de résulats.

"Je sens qu'il y a quelque chose à faire sur le 1 500m"

Mais il se voit plus à l'aise sur le 800m, sur lequel un autre record a volé en éclat à Dubaï, passant de 1'38 à 1'35''22. A l'inverse du 400m, le 800m implique un rabat à la corde après cent mètres, un format en peloton qui laisse la porte ouverte à plus de tactique et la possibilité d'être « tiré » à l'aspiration de ses adversaires. Ce record personnel réalisé dans la série la plus lente en laisse entrevoir d'autres à la faveur de bons lièvres sur les prochaines échéances. De la même manière, pour la première fois aligné sur un 1 500m international (douzième en 3'01''23), l'athlète de Auchandi se projette sur la suite avec enthousiasme, « je me connais, je peux descendre largement en-dessous de trois minutes si j'ai quelqu'un devant moi ».

Dernière étape de son programme-fleuve, le 5 000m. Pas forcément au programme à la base, mais finalement coché après la belle impression laissée sur le 1 500m. A l'arrivée pas encore de minimas (10'39 contre 10'14) mais l'envie d'y retourner, « mon coach et moi pensons qu'il y a un truc à faire aussi sur cette épreuve ».

La suite des opérations justement, est prévue pour mai, en terre helvétique. Au charbon à Arbon d'abord, « sur la piste la plus rapide au monde » au bord du lac de Constance, puis à Nottwil, au centre de la Confédération, pour le meeting le plus réputé de la saison de para-athlétisme. La dernière chance d'assurer une présence à Paris en juillet sur 5 000m et une de plus d'affronter le haut du plateau de sa catégorie. Il retrouvera chez lui le « roi » Marcel Hug (37 ans), six titres paralympiques, et auteur de deux records du monde à Dubaï. Un athlète au sommet de son art après plus de vingt ans de pratique, une ode à l'expérience, synonyme d'espoir à moyen terme pour l'Auscitain : « moi ça ne fait que cinq ans ... ». A ses 37 ans, nous serons en 2040, de l'eau aura coulé sous les ponts, et de multiples titres seront peut-être épinglés à sa ceinture, mais Thibault Daurat n'a pas le temps d'attendre. Paris c'est déjà demain.

Photo : Thibault Daurat remporte sa série du 400m en 47''70 (record personnel) lors du meeting international de Dubaï.

V.M

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