Gers : du monde amateur avec Montaut-les-Créneaux et Auch à l'équipe de France aujourd'hui, la folle ascension de Pierre Pelos

23 février 2023 à 08h47
"Tout vient à point à qui sait attendre" : ce dicton le basketteur professionnel gersois, Pierre Pelos, en est l'incarnation parfaite. À 30 ans, l'intérieur de Bourg-en-Bresse, formé à Montaut-les-Créneaux et à Auch, revêt pour la première fois de sa carrière le maillot de l'équipe de France. Les Bleus affrontent ce soir (18h45) la République Tchèque et la Lituanie dimanche en éliminatoires de la coupe du monde. Une consécration pour le joueur de Bourg en Bresse, au parcours atypique, lui qui a découvert le monde professionnel tardivement à l'âge de 23 ans. Entretien : 
 
Comment vous avez réagi en apprenant votre sélection en équipe de France ?
 
“Bien évidemment, ça a été une grande joie. Cela a été un dur travail pour en arriver là. J'ai eu déjà une première occasion de porter le maillot bleu qu'en quelque sorte j'ai raté, car j'étais blessé. Là, c'est une deuxième chance qu'on me donne, donc à moi de saisir cette nouvelle opportunité et de tout faire pour y rester le plus longtemps possible.”
 
C'était un rêve de porter un jour le maillot de l'équipe de France ? 
“Oui, c'était un rêve de gosse. Mais, aujourd'hui avec l'âge et la maturité, je dirai que c'est une étape de plus de franchie dans ma carrière. Maintenant, que j'y suis, il faut travailler encore plus pour y rester.”
 
Vous avez un parcours atypique comparé à la grande majorité de vos coéquipiers en équipe de France, vous avez évolué pendant plusieurs années dans le monde amateur, vous avez conscience de la singularité de votre parcours ? 
 
“Oui c'est sûr que j'ai un parcours assez atypique, ça n'a pas été toujours facile, ça a été un long travail pour en arriver où j'en suis aujourd'hui. Je suis devenu professionnel à 23 ans, je n'ai pas eu la chance que beaucoup de mes partenaires en équipe de France ont eu de découvrir très tôt le monde professionnel, certains ont commencé à jouer chez les professionnels à 18 ans, même plus jeunes. J'ai tout fait assez tard dans ma carrière (rires). Mais, je trouve qu'aujourd'hui c'est vraiment un plus d'avoir un parcours comme celui que j'ai eu. Je suis un peu la preuve vivante qu'en persévérant, et en ne lâchant rien, tout est possible.”
 
Il y a un peu moins de 9 ans, vous étiez surveillant dans un lycée à Pau à côté de votre carrière de basketteur, aujourd'hui vous évoluez dans l'un des six meilleurs clubs français de Pro A et vous êtes international Français, face à la difficulté que vous avez rencontrée à accéder au monde professionnel, vous avez déjà pensé à abandonner ?
“Devenir basketteur professionnel, ça a toujours été une ambition, même quand je jouais à Auch en National 2. Je disais un peu à tout le monde que je voulais jouer chez les pro, on se moquait gentiment de moi. J'ai toujours eu cette ambition dans un coin de la tête, même quand il a fallu à 21 ans,  aller travailler en dehors de mes entrainements pour me permettre de subvenir à mes besoins. À ce moment-là de ma vie, je me suis dit que mon chemin ne serait pas comme tout le monde, qu'il ne serait pas facile tous les jours. Et je me suis surtout dit qu'il fallait que je m'accroche et que je devais travailler dur pour y arriver. ”
 
Vous allez disputer avec l'équipe de France deux matches, un ce soir face à la République Tchèque et dimanche face à la Lituanie, vous vous êtes fixé des objectifs ?
 
"L'objectif c'est de grappiller du temps de jeu et d'apporter quelque chose à l'équipe. Je compte aussi profiter de ces deux matches pour me montrer pour les futures échéances à venir. C'est une chance quelque part qu'on a, quand les joueurs d'Euroleague ou de NBA ne sont pas là, de porter le maillot bleu, donc il faut en profiter au maximum et saisir cette opportunité."
 
En équipe de France, vous allez notamment évoluer avec la pépite du basket français, Victor Wembanyama, comment le décririez-vous ?
 
"C'est un alien, un joueur qui fait 2m21, qui joue comme un joueur qui fait 1m90, c'est inimaginable, il faut vraiment le voir ou jouer contre lui pour se rendre compte du phénomène."
 Vous avez justement joué contre Victor Wembanyama, il est difficile à marquer ? 
Ce match-là a été un peu mon meilleur match de la saison (rires). Bien-sûr qu'il est difficile à marquer, pour le gêner c'est assez embêtant. Quand il va partir en NBA et qu'il va prendre encore plus de muscle, ça va être extrêmement compliqué de jouer contre lui. 
Deux rendez-vous majeurs se profilent pour l'Equipe de France de Basket avec la Coupe du Monde 2023 et les JO 2024, c'est un objectif de disputer ces deux événements sous le maillot tricolore ?
 
 
Revenons à votre carrière assez singulière. Régionale 2, Nationale 3, 2, 1, Pro B, Pro A, vous avez gravi en quinze ans tous les échelons du basket français et connu différents clubs, votre faculté d'adaptation est assez incroyable, on vous a d'ailleurs surnommé pour cela « le caméléon » dans une  récente interview, c'est un comparatif qui vous correspond ?
 
"Ça me correspond bien (rires). C'est vrai qu'à chaque fois il ne m'a pas fallu beaucoup de matches pour prendre la mesure du niveau où j'étais. J'ai réussi à m'imposer a chaque fois dans les niveaux inférieurs pour en arriver là. Même quand je suis arrivé au plus haut-niveau français, dès la première saison j'ai réussi à performer et à faire parler de moi. Je pense que cette faculté d'adaptation a été un vrai plus dans ma carrière."
 
Parlons du Gers, vous avez un lien particulier avec le département, que vous évoque ce territoire ?
 
« Le Gers c'est tout simplement mes meilleurs souvenirs j'ai tout vécu dans le Gers. J'ai commencé le basket dans ce département, j'ai encore tous mes amis ici. Je suis très attaché à mes terres comme je dis souvent à mes coéquipiers. Le Gers a vraiment une place à part entière dans mon cœur, c'est la maison. »
 
Vous êtes même un ambassadeur du département avec votre bonnet "le bonheur est dans le Gers" que vous amenez sur de nombreux parquets de Pro A....
 
 
Votre carrière a commencé dans le Gers, avec notamment un passage de deux ans à l'ABC, que retenez-vous de votre passage à Auch ? 
 
“A Auch c'est sans doute les meilleurs souvenirs de ma carrière. Je suis arrivé à 17 ans, j'ai été entouré par des joueurs expérimentés qui m'ont tout de suite fait rentrer dans l'équipe. Ce club, c'est là où j'ai tout connu. J'y ai appris un peu les vis du basket. Ils ont fait de moi un homme, ils m'ont formé, je garde vraiment de très bons souvenirs de ce passage à Auch, malgré qu'on soit descendu en Nationale 3, l'année où je suis parti.”
 
Quand on évoque Montaut-les-Créneaux c'est également des souvenirs mémorables...
 
« J'ai commencé à Montaut-les-Créneaux à l'âge de 6 ans jusqu'à mes 16 ans. C'est forcément un club particulier pour moi, c'est le commencement de ma carrière, c'est là où j'ai connu mes premiers formateurs, mes premiers copains du basket avec qui j'ai toujours des contacts, c'est aussi un club très important pour moi.
 
Finir votre carrière dans le Gers, à l'ABC par exemple, est-ce que c'est quelque chose que vous imaginez ?
 
“On verra comment mon physique sera à la fin de ma carrière. Mais, oui c'est envisageable, ça a toujours été dans une partie de ma tête pour en quelque sorte boucler la boucle et finir à la maison.”
 
E.R

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