Des Diables Noirs chez le diable de Tasmanie ? L'aventure belge du magnoacais Laurent Dossat

31 mars 2025 - 09:32

Tête connue du transport dans le Magnoac, Laurent Dossat est aussi sélectionneur de l'équipe nationale de rugby belge depuis l'été 2023. Sous la houlette du transporteur pyrénéen les Diables Noirs sont plus proches que jamais de l'Australie et sa Coupe du Monde 2027. Rencontre.

Plus qu'une hégémonie sur le rugby des plats pays, la rencontre du Rugby Europe Championship 2025 entre les Pays-Bas et la Belgique offrait à son vainqueur une place au dernier tournoi de qualification pour la Coupe du Monde de rugby 2027. Vainqueurs 31 à 10 en terre batave, ce sont les Belges, entrainés par le Pyrénéen Laurent Dossat, qui restent en course dans la quête d'une première expérience sur la grande scène du quinze mondial.

Laurent, retour d'abord sur cette victoire face aux Pays-Bas le 15 mars dernier.

On peut cocher la case exploit parce que l'équipe de Hollande était au-dessus de la Belgique, donc on s'attendait un match très difficile. C'est quelque chose de magique pour le rugby belge qui permet de participer au tournoi mondial et de rêver encore à la Coupe du Monde 2027. Avec en plus une 22ème place au classement mondial qui ouvre des portes et une certaine reconnaissance auprès de World Rugby.

Le meilleur classement de l'histoire de la Belgique après moins de deux ans à la tête de l'équipe. Comment êtes-vous arrivé sur le banc des Diables Noirs ?

Lorsque je coachais Oloron j'avais entrainé un joueur belge dont le père quelques années plus tard est devenu team manager des Diables Noirs. A l'origine il cherchait un responsable de la touche, donc j'avais commencé à ce poste. Quand j'ai quitté Niort à la fin de la saison 2022-2023 pour prendre une année sabbatique et rentrer à Castelnau-Magnoac, il m'a proposé de postuler en tant que sélectionneur parce que Mike Ford quittait le poste. J'ai postulé et j'ai été pris.

Avec pas mal de réussite et des résultats en hausse. Quelle est la recette ?

Je crois que la première des réussites vient des joueurs, à tous se regrouper, faire en sorte que l'équipe nationale soit une priorité. J'ai essayé humblement de recontacter chacun d'eux pour leur dire qu'on avait une belle aventure à vivre ensemble et de constituer un staff extrêmement compétent et très motivé par rapport au projet. Avec également le rugby belge on va dire intramuros, le board qui nous a donné les moyens de pouvoir nous entrainer mieux, de nous retrouver un peu plus souvent. Ce sont tous ces éléments qui ont fait qu'on a pu performer et de se dire que le rêve pouvait exister pour le rugby belge.

Un Australian Dream pas forcément attendu.

Le premier objectif qui m'a été donné c'est plutôt la Coupe du Monde 2031. Mais le fait d'être passé à vingt-quatre équipes (dès 2027) a un peu avancé les échéances. On peut vraiment rêver à cette Coupe du Monde. Après le tournoi de Dubaï est notre première Coupe du Monde à nous, on va y aller avec plein d'humilité mais aussi des ambitions.

Des ambitions qui font monter l'intérêt pour le rugby dans le Plat Pays ?

Complètement. Déjà contre la Roumanie il y avait 5700 personnes à Mons, ce qui était incroyable. Idem à Waterloo là où on a joué la Suisse devant 3000 personnes. Et puis cette année une télévision belge, LN24, a retransmis tous les matchs et nous a permis d'avoir un engouement, des audiences TV et radio qui ont été au-delà même des espérances. On est très content de voir cet essor.

Malgré ça vous évoquez la difficulté de se rassembler avec beaucoup de joueurs qui évoluent dans l'Hexagone.

C'est vrai qu'avec les joueurs qui évoluent en France on a du mal à se rassembler hors compétition parce que chacun a ses échéances avec son club. Contrairement peut-être à la Roumanie et au Portugal, qui ont fait trois matchs de haut-niveau de préparation, nous n'avons fait qu'un match contre la Suisse en novembre. C'est quelque chose que l'on peut regretter parce que si on s'était préparé mieux on aurait pu titiller un peu plus les grosses nations. Mais c'est comme ça et on ne se cache pas derrière ça. Par contre après il y a un championnat en Belgique et la Super Cup qui est une compétition avec des franchises (les Brussels Devils ont fini 6èmes sur 7 en septembre-octobre 2024), qui me permet d'avoir tous les joueurs qui évoluent en Belgique avec le staff à notre disposition pour performer. On s'est quand même retrouvé cette année durant les trois semaines de la compétition, et on a vu sur les matchs 3, 4 et 5 (Allemagne, Suisse et Pays-Bas) que ça avait payé. Par rapport au tournoi de Dubaï on va pouvoir quand même planifier un rassemblement avec les joueurs qui évoluent notamment dans le sud de la France. On quittera la France et la Belgique à la fin du mois d'octobre pour jouer les 8, 15 et 22 novembre, trois dates à trois semaines d'intervalle.

On ne connait pas encore les trois adversaires de la Belgique sur ce tournoi intercontinental, mais il y aura probablement des équipes sud-américaines. Vous êtes justement partis sur le continent lors d'une tournée l'été dernier.

Ca a été un grand moment. Pouvoir partir en tournée en Amérique du Sud ça avait du sens rugbystiquement et humainement. On n'avait pas l'entièreté du groupe donc on a eu des matchs compliqués contre le Chili (5-33) et le Brésil (25-47, pour une victoire contre le Paraguay 45-20) mais ça nous a permis aussi de préparer ce tournoi mondial avec quelques mois de recul, de savoir quel type d'adversaire on allait y rencontrer. A Dubaï on aura l'entièreté du groupe ou quasiment, donc on pourra performer encore mieux. En tout cas cette tournée nous a apporté beaucoup d'enseigements.

Vous y étiez privés des joueurs professionnels notamment, Jean-Maurice Decubber ou Charlesty Berguet (Vannes) au sein d'un effectif assez éclectique.

Oui deux joueurs évoluent à Béziers, un à Albi, il y a des joueurs à Montauban, Valence-d'Agen, Marmande, Auch, Bourg-en-Bresse, le Servette de Genève, des joueurs soit pros soit semi-pros, mais aussi des joueurs 100% amateurs mais qui défendent très bien les couleurs de la Belgique également.

Pas mal de joueurs de Nationale 2 donc, un championnat qui possède une certaine résonnance pour vous.

Je suis vraiment sincèrement toutes les compétitions et la Nationale 2 bien sûr avec un affect particulier. Que ce soit Niort que j'ai coaché qui vise la montée en Nationale et bien sûr la CAL où évolue mon fils. C'est une compétition hyper intéressante et qui permet aux joueurs de performer.

Côté famille et Sud-Ouest justement, comment combinez-vous poste de sélectionneur et celui de dirigeant d'entreprise, de la SARL Dossat, qui propose des services de transport dans les Hautes-Pyrénées ?

Les compétitions qu'on vit avec les Diables Noirs sont plutôt ponctuelles, très intenses mais ponctuelles. Donc ça permet de dégager du temps. Et puis c'est surtout grâce à une équipe formidable, on travaille beaucoup en famille avec ma cousine, mes parents, mon fils et des conducteurs exceptionnels qui me créent des conditions favorables pour être la tête libre là-bas. Et un ami qui est chef d'exploitation qui gère très très bien quand je ne suis pas là donc on s'en sort avec de la communication et de la bienveillance.

V.M

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